Suite de l’entretien, avec le chef opérateur son de Marche avec les loups.
Dans quelle mesure le son influence-t-il les sensations du spectateur ?
Le son possède un fort pouvoir suggestif sur l’imaginaire du spectateur, le soin apporté à la composition de la bande sonore d’un film contribue à son ambition artistique. L’exigence de qualité de l’enregistrement à la post production est essentielle et renforce l’émotion du spectateur. Il suffit de visionner un film sans son pour se rendre compte de son influence.
Certaines séquences du film ont même été montées en fonction “d’événements” sonores.
La bande son participe au réalisme de l’image, amplifie le relief, un petit bois ou une grande forêt ne résonne pas de la même manière, l’acoustique de ces lieux restitué renforcera cette sensation et deviendra une évidence pour le spectateur sans qu’il en prenne réellement conscience.
Il sert beaucoup au hors-champ, comme les respirations de Jean-Michel par exemple que nous utilisons plusieurs fois dans le film sur certaines séquences où il n’est pas à l’image, pour sentir sa présence, son humeur…
Le public ne jugera que très rarement le travail de la bande sonore d’un film comme de nombreux autres travaux nécessaires à la réalisation d’un film, le montage, l’étalonnage… Mais nous savons qu’ils ont tous participé à la valeur émotionnelle du film et aux sensations du spectateur…
Sur le film Marche avec les loups, comment Jean-Michel Bertrand vous a-t-il dirigé ?
Dès le début, nous étions d’accord sur la façon de créer la bande sonore du film. Jean-Michel qui apprécie mon travail m’a donné carte blanche pour les captations sur le tournage ainsi que le montage et le pré-mixage du film. C’est une opportunité de pouvoir réaliser le travail d’une bande sonore jusqu’au mixage final. Bien sûr Jean-Michel suit de près le déroulement de chaque étape de post-production, avec un regard et une écoute critiques justes et toujours positifs. Nous avançons ensemble sur ces étapes en prenant soin d’écouter le retour de chacun pour l’intérêt du film.
En dehors du cinéma, sur quels types de projets travaillez-vous ?
Des projets assez variés, de nombreuses muséographies, des installations sonores… seul ou en collaboration avec des artistes et des musiciens. J’interviens dans des écoles, je viens de réaliser mon premier court métrage Chants de glace, tous ces travaux sont en lien de près ou de loin avec les sons de la nature bien sûr.
Quel est votre rapport au silence ?
Mon silence est celui d’une nature sans le bruit constant produit par les hommes ! Avec mes microphones, je fuis le murmure des autoroutes au loin, les tronçonneuses, le passage des avions… qui ne cessent de croître, ces bruits qui font aujourd’hui partie intégrante du paysage sonore de notre civilisation. Je recherche ces îlots où l’on peut encore profiter de la magie des lieux.
Entretien réalisé par mail, le 31 décembre 2019