Caillou, chou, hibou… Tout le monde connaît ces mots en « ou », exceptions de la langue française… Trois petits mots pour un programme de cinq courts métrages jouant avec la grammaire du film d’animation, qui offrent des variétés visuelles, sonores et d’écritures, idéales pour une belle exploration du cinéma.
Une mise en bouche au chou avec La Soupe de Franzy est suivie, entre autres, d’un maître hibou dans Le Spectacle de maternelle ou du poétique et touchant Un caillou dans la chaussure.
Le film de format court permet d’expérimenter et de prendre des partis pris forts. Dans Caillou, chou, hibou, cinq mises en scène facilement identifiables s’enchaînent, avec des ruptures, des résonnances, pour permettre aux jeunes spectateurs d’appréhender et de comparer différentes formes de cinéma.
Les dialogues s’y effacent pour laisser s’exprimer d’autres langages. Chaque histoire se construit par un jeu particulier entre les sons et les visuels tour à tour différents.
L’univers loufoque de La Soupe de Franzy, animation colorée d’objets en haut-relief, est rythmé par une musique disco. Les effets sonores alternent entre absurde et réalisme pour promener le spectateur dans une aventure gastronomique extraterrestre.
En contraste, apparaît ensuite le très délicat Quand je suis triste, un poème animé. La voix douce de la narratrice, juste soutenue au piano et au violoncelle, est accompagnée d’illustrations, des tracés blancs évoluant doucement sur un tableau noir.
Le programme rebondit sur une comédie musicale. En effet, Théo le château d’eau use des codes de ce genre où l’histoire est racontée en chansons. Les décors chatoyants deviennent les personnages avec un pauvre château d’eau, risée des autres bâtiments de la ville, musée, banque ou cathédrale, certains de leur supériorité.
Le Spectacle de maternelle poursuit dans un style burlesque. Bruitages instrumentaux, musique de fanfare, rythment les efforts d’un pauvre maître hibou tentant de jouer avec ses élèves un spectacle de fin d’année. Le comique de répétition répond aux premiers cartoons dans une mise en scène théâtrale frontale.
Le programme se clôt avec Un caillou dans la chaussure, délicat court métrage en marionnettes animées, comme une synthèse des petites leçons de cinéma expérimentées dans les précédents courts métrages. La poésie du film renvoie à la douceur de Quand je suis triste. La jeune grenouille surmontant ses différences pour se faire accepter dans une classe de lapins, fait écho à Théo le château d’eau devant trouver sa place en ville. On a en mémoire La Soupe de Franzy avec l’univers sonore du film ciselé entre bruitages abstraits, onomatopées et sons naturalistes pour ramener l’histoire dans la réalité du quotidien.
Par le pouvoir de l’animation, les cinq auteurs de Caillou, chou, hibou donnent vie à toutes leurs fantaisies. Image par image, objets ou dessins inertes s’animent. Images et sons indissociables permettent d’établir un lien étroit entre des imaginaires et une réalité. Comme un petit caillou dans la chaussure, ces univers peuvent parfois surprendre mais ils aiguisent la curiosité, le plaisir de la découverte par l’exploration de territoires méconnus et réjouissants.