« A travers cette aventure familiale qui s’inscrit dans l’époque de l’après-guerre en France, au bord de la Marne, je trouve à nouveau un récit qui se rapporte au « Pafini ».
Aujourd’hui, il devient si important d’aboutir dans ses entreprises, d’arriver au but, d’atteindre ses objectifs que l’on oublie de reculer d’un pas, de considérer ce qui nous motive.
Or, si nous sommes honnêtes, il faut bien reconnaître que nous sommes comme des enfants prêts pour l’aventure.
S’enfoncer dans un territoire inconnu, côtoyer les « autres », tisser des relations, des liens qui nous révéleront de quoi nous sommes faits, voilà ce qui nous amuse.
Lorsque l’absurdité de l’entreprise nous apparaît, la chose elle-même, objet de tous nos soins devient vite sans intérêt, inutile. Seuls subsistent les liens mystérieux tissés comme des fils dans l’espace, nous sommes faits de cela, de cet intangible qui fait de nous des Pafinis à vie, toujours prêts à tisser et retisser notre étoffe indéfiniment.
C’est ce qui me donne envie d’embarquer sur ce bateau pour un voyage immobile, au coeur de ce trio de personnages, dans l’intimité d’un huis clos, petit théâtre intemporel et universel.
Le fait que cette histoire relate l’enfance de Jean-François Laguionie ne me pose pas de problème particulier.
Lui, comme moi, savons sacrifier la « vérité vraie » à l’agencement artistique d’une relation, ou à l’humour d’une situation.
Exagération il y a, le bateau grandit, prend une place démesurée dans le potager, puis retrouve sa taille normale. Et lorsque l’objet a fait son usage, il peut bien disparaître, la vérité n’en sera que plus grande, plus fine, plus exacte sur ce que nous sommes et sur ce qui nous a fait. »