Je le reconnais sans honte : je fais partie des gens (une majorité sans doute) qui se bidonnent en observant les chats.
En 2016, alors que je réfléchissais à un moyen métrage de 26 min d’une Fable en délire (une mini-série réalisée il y a bientôt 15 ans), et dans lequel je souhaitais intégrer un chat, Arnaud Demuynck, producteur, déboula un beau matin dans mon bureau en gesticulant comme un félin aux pupilles dilatées : « Et si on faisait un programme « Chats » ?! ». Cette idée lui avait été soufflée en « cat-imini » par Marc Bonny de Gebeka Films.
Arnaud savait que je gardais depuis plusieurs années, bien au chaud dans ma besace, un autre projet de court métrage un peu cartoon, La Pêche miraculeuse, avec un pêcheur et un chat, et ces petites boules de poil s’étaient soudain alignées dans son esprit comme des planètes ronronnantes.
Excité à mon tour par l’idée, je cherchai dès lors deux autres idées de films pour compléter un tel programme, qui devait être digne, à sa manière, de la drôlerie des chats.
Un ancien conte chinois, connu sous différentes versions dans la littérature jeunesse, me donna l’idée d’une adaptation comique pour Le Tigre et son maître. Projet pour lequel je décidai de travailler avec Flora Taverner pour le graphisme, car j’avais remarqué, lorsqu’elle était stagiaire sur un précédent film, qu’elle griffonnait sans cesse, et avec talent, forêts et animaux.
Puis c’est Bambou, une chatte de la famille devenue obèse (et dont je sentais depuis longtemps qu’elle avait beaucoup de choses à dire pour témoigner de sa condition) qui m’inspira pour écrire un « documentaire animalier/animé » rigolo.
Bamboule était née !
Je décidai de m’atteler à la réalisation de 3 des 4 films du programme, et proposai de confier Bamboule aux griffes d’Émilie Pigeard, dont j’avais aimé le premier film Encore un gros lapin, et qui était tombée sous le charme de la vraie Bambou lors d’un passage à Valence.
C’est ainsi que sont nés les 4 films de Chats par-ci, chats par-là. Des films en animation 2D, qui ont pris corps entre les pattes de velours de plusieurs équipes à Valence, Roubaix, Genève et Bruxelles. Des films que j’ai voulus si possible bondissants et poétiques, et surtout un peu « toqués », pour, je le reconnais égoïstement, continuer à me bidonner.
Fabrice Luang-Vija
Chats par-ci, chats par-là, au cinéma le 12 février 2020